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glaise les détails de leur existence sur l’île Tsalal depuis le départ d’Arthur Pym et de Dirk Peters, vont être très succinctement racontés.

Transportés à la caverne, William Guy et les trois autres matelots, Trinkle, Roberts, Covin, avaient pu être rappelés à la vie. En réalité, c’était la faim, — rien que la faim, — qui avait réduit ces malheureux à un état de faiblesse voisin de la mort.

Un peu de nourriture prise avec modération, et quelques tasses de thé brûlant additionné de whisky, leur rendirent presque aussitôt des forces.

Je n’insiste pas sur la scène d’attendrissement dont nous fûmes émus jusqu’au fond de l’âme, lorsque William reconnut son frère Len. Les larmes nous vinrent aux yeux en même temps que les remerciements envers la Providence nous venaient aux lèvres. Ce que nous réservait l’avenir, nous n’y songions même pas, tout à la joie du présent, et qui sait si notre situation n’allait pas changer, grâce à l’arrivée de cette embarcation au rivage d’Halbrane-Land ?…

Je dois dire que William Guy, avant d’entamer son histoire, fut mis au courant de nos propres aventures. En peu de mots, il apprit ce qu’il avait hâte d’apprendre, — la rencontre du cadavre de Patterson, le voyage de notre goélette jusqu’à l’île Tsalal, son départ pour de plus hautes latitudes, son naufrage au pied de l’ice-berg ; enfin la trahison d’une partie de l’équipage qui nous avait abandonnés sur cette terre.

Il connut également ce que Dirk Peters savait de relatif à Arthur Pym, et aussi sur quelles hypothèses peu fondées reposait l’espoir du métis de retrouver son compagnon, dont la mort ne faisait pas plus doute pour William Guy que celle des autres marins de la Jane, écrasés sous les collines de Klock-Klock.

À ce récit, William Guy répondit par le résumé des onze ans qu’il avait passés sur l’île Tsalal.

On ne l’a point oublié, le 8 février 1828, l’équipage de la Jane, n’ayant aucunement lieu de soupçonner la mauvaise foi de la popu-