se tenait Dirk Peters. À notre approche, le métis descendit par le talus opposé, et, lorsque j’arrivai au sommet, je ne pus l’apercevoir.
Nous étions donc tous en cet endroit, — tous, moins Endicott, peu soucieux d’abandonner son fourneau.
La terre, aperçue dans le nord, dessinait sur un dixième de l’horizon son littoral frangé de grèves, coupé d’anses, dentelé de pointes, ses arrière-plans limités par le profil assez accidenté de hautes et peu lointaines collines. Il y avait là un continent ou tout au moins une île, dont l’étendue devait être considérable.
Dans le sens de l’est, cette terre se prolongeait à perte de vue, et il ne semblait pas que sa dernière limite fût de ce côté.
Vers l’ouest, un cap assez aigu, surmonté d’un morne, dont la silhouette figurait une énorme tête de phoque, en formait l’extrémité. Puis, au-delà, la mer paraissait largement s’étendre.
Il n’était pas un de nous qui ne se rendît compte de la situation. Accoster cette terre, cela dépendait du courant, de lui seul : ou il porterait l’ice-berg vers un remous qui le drosserait à la côte, ou il continuerait à l’entraîner vers le nord.
Quelle était l’hypothèse la plus admissible ?…
Le capitaine Len Guy, le lieutenant, le bosseman et moi, nous en parlions de nouveau, tandis que l’équipage, par groupes, échangeait ses idées à ce sujet. En fin de compte, le courant tendait plutôt à porter vers le nord-est de cette terre.
« Après tout, nous dit le capitaine Len Guy, si elle est habitable pendant les mois de la saison d’été, il ne semble point qu’elle possède des habitants, puisque nous n’apercevons aucun être humain sur le littoral.
— Observons, capitaine, répondis-je, que l’ice-berg n’est pas de nature à provoquer l’attention comme l’eût fait notre goélette !
— Évidemment, monsieur Jeorling, et l’Halbrane aurait déjà attiré des indigènes… s’il y en avait !
— De ce que nous n’en voyons pas, capitaine, il ne faudrait pas conclure…