goélette, et c’est une véritable malchance, après avoir profité de circonstances si heureuses…
— Finies, ces circonstances, monsieur Jeorling, s’écria Hurliguerly, et je crains bien…
— Quoi… vous aussi, bosseman… vous que j’ai connu si confiant…
— La confiance, monsieur Jeorling, cela s’use tout comme le fond d’une culotte !… Que voulez-vous !… Lorsque je me compare à mon compère Atkins, installé dans sa bonne auberge, lorsque je songe au Cormoran-Vert, à la grande salle du bas, aux petites tables où l’on déguste le whisky et le gin avec un ami, alors que le poêle ronfle plus fort que ne crie la girouette sur le toit… eh bien, la comparaison n’est point à notre avantage, et, à mon avis, maître Atkins a peut-être mieux compris l’existence…
— Eh ! vous le reverrez, ce digne Atkins, bosseman, et le Cormoran-Vert, et les Kerguelen !… Pour Dieu ! ne vous laissez point aller au découragement !… Et si vous, un homme de bon sens et de résolution, désespérez déjà…
— Oh ! s’il n’y avait que moi, monsieur Jeorling, ce ne serait que demi-mal !
— Est-ce que l’équipage ?…
— Oui… et non… répliqua Hurliguerly, car j’en connais qui ne sont points satisfaits.
— Hearne a-t-il recommencé à récriminer et excite-t-il ses camarades ?…
— Pas ouvertement du moins, monsieur Jeorling, et, depuis que je le surveille, je n’ai rien vu ni entendu. Il sait, d’ailleurs, ce qui l’attend, s’il remue la patte. Aussi — je crois ne point faire erreur, — le finaud a-t-il changé ses amures. Et ce qui ne m’étonne guère de lui, m’étonne de notre maître-voilier Martin Holt…
— Que voulez-vous dire, bosseman ?…
— Que tous deux paraissent être en bons termes !… Observez-les, Hearne recherche Martin Holt, cause souvent avec lui, et Martin Holt ne lui fait pas trop mauvaise mine.