me répéter : « Il faut croire ce qu’a dit Pym ! » ma raison s’imposait une extrême réserve sur la réalité de ces faits surnaturels. Ainsi, il n’y eut ni voile de brume, ni apparence laiteuse des eaux, ni chute de poussière blanche.
C’était également en ces parages que les deux fugitifs avaient aperçu un de ces énormes animaux blancs, qui causaient tant d’effroi aux insulaires de Tsalal. Dans quelles conditions ces monstres passèrent-ils en vue de l’embarcation ?… C’est ce que le récit négligeait d’indiquer. Au surplus, mammifères marins, oiseaux gigantesques, redoutables carnassiers des régions polaires, il ne s’en rencontra pas un seul sur la route de l’Halbrane.
J’ajouterai que personne à bord ne subissait cette influence singulière dont parle Arthur Pym, cet engourdissement du corps et de l’esprit, cette indolence soudaine, qui rendaient incapable du moindre effort physique.
Et peut-être faut-il expliquer par cet état pathologique et physiologique, qu’il ait cru voir ces phénomènes, uniquement dus à quelque trouble des facultés mentales ?…
Enfin, le 7 janvier, — d’après Dirk Peters, et il n’avait pu l’estimer que par le temps écoulé, — nous étions arrivés à l’endroit où le sauvage Nu-Nu, étendu au fond du canot, avait rendu le dernier soupir. Deux mois et demi plus tard, à la date du 22 mars, se termine le journal de cet extraordinaire voyage. Et c’est alors que flottaient d’épaisses ténèbres, tempérées par la clarté des eaux, qui réfléchissaient le voile de vapeurs blanches tendu sur le ciel…
Eh bien, l’Halbrane ne fut témoin d’aucun de ces stupéfiants prodiges, et le soleil, inclinant sa spirale allongée, illuminait toujours l’horizon.
Et il était heureux que l’espace ne fût pas plongé dans l’obscurité, puisqu’il nous eût été impossible de prendre hauteur.
Ce jour-là, 9 janvier, une bonne observation donna — la longitude restant la même entre le quarante-deuxième et le quarante-troisième méridien, — donna, dis-je, 86° 33′ pour la latitude.