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du 29 décembre au 9 janvier.

Le capitaine Len Guy connaissait ce passage, l’ayant maintes fois lu. J’ajoutai :

« Il est dit « une distance énorme », et cela au 1er mars seulement. Or, le voyage s’est prolongé jusqu’au 22 du même mois, et, ainsi qu’Arthur Pym l’indique ensuite, « son canot se précipitait toujours vers le sud, sous l’influence d’un puissant courant d’une horrible vélocité », — ce sont ses propres expressions. De tout ceci, capitaine, ne peut-on tirer la conclusion…

— Qu’il est allé jusqu’au pôle, monsieur Jeorling ?…

— Pourquoi non, puisque, à partir de l’île Tsalal, il n’en était plus qu’à quatre cents milles ?…

— Après tout, peu importe ! répondit le capitaine Len Guy. Ce n’est pas à la recherche d’Arthur Pym que nous conduisons l’Halbrane, c’est à celle de mon frère et de ses compagnons. Ont-ils pu atterrir sur les terres entrevues, voilà ce qu’il s’agit uniquement de reconnaître. »

Sur ce point spécial, le capitaine Len Guy avait raison. Aussi, craignais-je sans cesse qu’il donnât l’ordre de porter vers l’est ou vers l’ouest. Toutefois, comme le métis affirmait que son embarcation avait couru au sud, que les terres dont il parlait gisaient dans cette direction, le cap de la goélette ne fut pas modifié. Ce qui m’aurait vraiment désespéré, c’eût été qu’elle ne se maintînt pas sur l’itinéraire d’Arthur Pym.

Du reste, j’avais la conviction que, si lesdites terres existaient, elles devaient se rencontrer sous de plus hautes latitudes.

Il n’est pas indifférent de noter qu’aucun phénomène extraordinaire ne se manifesta au cours de cette navigation des 5 et 6 janvier. Nous ne vîmes rien de la barrière de vapeurs vacillantes, rien de l’altération des couches supérieures de la mer. Quant à la chaleur excessive de l’eau, et telle « que la main ne pouvait la supporter », — il fallait en beaucoup rabattre. La température ne dépassait pas 50° (10 °C. sur zéro), élévation déjà anormale en cette partie de la zone antarctique. Et, bien que Dirk Peters ne cessât de