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le sphinx des glaces

Le capitaine Len Guy me tendit une main que je serrai cordialement.

« Monsieur Jeorling, ajouta-t-il, vous avez remarqué que l’Halbrane ne porte pas cap au sud, bien que les terres entrevues par Dirk Peters, — ou tout au moins des apparences de terre, — soient situées dans cette direction…

— Je l’ai remarqué, capitaine.

— Et, à ce propos, dit Jem West, n’oublions pas que le récit d’Arthur Pym ne contient rien de relatif à ces apparences de terre dans le sud, et que nous en sommes réduits aux seules déclarations du métis.

— C’est vrai, lieutenant, ai-je répondu. Mais y a-t-il lieu de suspecter Dirk Peters ?… Sa conduite, depuis l’embarquement, n’est-elle pas pour inspirer toute confiance ?…

— Je n’ai rien à lui reprocher au point de vue du service… répliqua Jem West.

— Et nous ne mettons en doute ni son courage ni son honnêteté, déclara le capitaine Len Guy. Non seulement la manière dont il s’est comporté à bord de l’Halbrane, mais aussi tout ce qu’il a fait, lorsqu’il naviguait à bord du Grampus d’abord, de la Jane ensuite, justifient la bonne opinion…

— Qu’il mérite assurément ! » ai-je ajouté.

Et je ne sais pourquoi, j’étais enclin à prendre la défense du métis. Était-ce donc parce que, — je le pressentais, — il lui restait un rôle à jouer au cours de cette expédition, parce qu’il se croyait assuré de retrouver Arthur Pym… auquel décidément je m’intéressais à m’en étonner ?

J’en conviens, toutefois, c’était en ce qui concernait son ancien compagnon que les idées de Dirk Peters pouvaient paraître poussées jusqu’à l’absurde. Le capitaine Len Guy ne laissa pas de le souligner.

« Nous ne devons pas l’oublier, monsieur Jeorling, dit-il, le métis a conservé l’espoir qu’Arthur Pym, après avoir été entraîné à travers