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et pym ?…

sept mois auparavant, si nous ne les retrouvions plus, c’est qu’ils avaient dû quitter Tsalal, où ils ne trouvaient plus à vivre depuis le tremblement de terre…

« Ainsi, reprit le capitaine Len Guy, au retour de Dirk Peters, plus un habitant sur l’île ?…

— Personne… répéta Hunt, personne… Le métis n’y rencontra pas un seul indigène…

— Et alors que fit Dirk Peters ?… demanda le bosseman.

— Comprenez-moi !… répondit Hunt. Une embarcation abandonnée était là… au fond de cette baie… contenant des viandes séchées et plusieurs barils d’eau douce. Le métis s’y jeta… Un vent du sud… oui… du sud… très vif, — celui qui, avec le contre-courant, avait ramené son glaçon vers l’île Tsalal, — l’entraîna pendant des semaines et des semaines… du côté de la banquise… dont il put traverser une passe… Croyez-moi… car je ne fais que répéter ce que m’a dit cent fois Dirk Peters… oui ! une passe… et il franchit le cercle polaire…

— Et au-delà ?… questionnai-je.

— Au-delà… il fut recueilli par un baleinier américain, le Sandy-Hook, et reconduit en Amérique. »

Voilà donc, en tenant le récit de Hunt pour véridique, — et il était possible qu’il le fût, — de quelle façon s’était dénoué, au moins en ce qui concernait Dirk Peters, ce terrible drame des régions antarctiques. De retour aux États-Unis, le métis avait été mis en relation avec Edgar Poe, alors éditeur du Southern Literary Messenger, et des notes d’Arthur Pym était sorti ce prodigieux récit, non imaginaire comme on l’avait cru jusqu’alors, et auquel manquait le suprême dénouement.

Quant à la part de l’imagination dans l’œuvre de l’auteur américain, c’était sans doute les étrangetés signalées aux derniers chapitres, — à moins que, en proie au délire des heures finales, Arthur Pym eût cru voir ces prodigieux et surnaturels phénomènes à travers le rideau de vapeurs…