Quant aux animaux dont il est question dans le récit, nous n’en apercevions plus un seul, — ni les canards de l’espèce anas valisneria, ni les tortues galapagos, ni les boubies noires, ni ces oiseaux noirs taillés comme des busards, ni les cochons noirs, à queue touffante et à jambes d’antilopes, ni ces sortes de moutons à laine noire, ni les gigantesques albatros à plumage noir… Les pingouins, même, si nombreux dans les parages antarctiques, semblaient avoir fui cette terre, devenue inhabitable… C’était la solitude silencieuse et morne du plus affreux désert !
Et, aucun être humain… personne… pas plus à l’intérieur de l’île que sur le rivage !
Au milieu de cette désolation, restait-il encore chance de retrouver William Guy et les survivants de la Jane ?…
Je regardai le capitaine Len Guy. Son visage pâle, son front creusé de profondes rides, disaient trop clairement que l’espoir commençait à l’abandonner…
Nous atteignîmes enfin la vallée dont les plis enveloppaient autrefois le village de Klock-Klock. Là, comme ailleurs, complet abandon. Plus une seule de ces habitations, — et combien misérables elles étaient alors, — ni ces yampoos, formées d’une grande peau noire reposant sur un tronc d’arbre coupé à quatre pieds de terre, ni ces huttes faites de branches rabattues, ni ces trous de troglodytes, évidés dans les parois de la colline, à même d’une pierre noire qui ressemblait à de la terre à foulon… Et ce ruisseau qui clapotait en descendant les pentes du ravin, où était-il, et de quel côté s’enfuyait son eau magique, roulant sur un lit de sable noir ?…
Quant à la population tsalalaise, ces hommes presque entièrement nus, quelques-uns vêtus d’une peau à fourrure noire, armés de lances et de massues, et ces femmes droites, grandes, bien faites, « douées d’une grâce et d’une liberté d’allure qu’on ne retrouve pas dans une société civilisée », — encore les propres expressions d’Arthur Pym, — et cette multitude d’enfants qui leur faisaient cortège… oui ! qu’était devenu tout ce monde d’indigènes à la peau noire, à