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le sphinx des glaces

packs dérivaient encore vers l’est. Néanmoins, la débâcle avait battu son plein de ce côté, et la mer était bien libre, puisqu’un navire y pouvait librement naviguer.

Nul doute que ce fût dans ces parages, en remontant ce large bras de mer, sorte de canal creusé à travers le continent antarctique, que les bâtiments de Weddell avaient rallié ce soixante-quatorzième degré de latitude, que la Jane devait dépasser d’environ six cents milles.

« Dieu nous est venu en aide, me dit le capitaine Len Guy, et qu’il daigne nous conduire au but !

— En huit jours, ai-je répondu, notre goélette peut être en vue de l’île Tsalal.

— Oui… à la condition que les vents d’est persistent, monsieur Jeorling. Or, ne l’oubliez pas, en longeant la banquise jusqu’à l’extrémité orientale, l’Halbrane s’est écartée de son itinéraire, et il faut la ramener vers l’ouest.

— La brise est pour nous, capitaine…

— Et nous en profiterons, car mon intention est de me diriger sur l’îlot Bennet. C’est là que mon frère William a tout d’abord débarqué. Dès que nous aurons aperçu cet îlot, nous serons certains d’être en bonne route…

— Qui sait si nous n’y recueillerons pas de nouveaux indices, capitaine…

— Il se peut, monsieur Jeorling. Aujourd’hui donc, lorsque j’aurai pris hauteur et reconnu exactement notre position, nous mettrons le cap sur l’îlot Bennet. »

Il va sans dire qu’il y avait lieu de consulter le guide le plus sûr qui se trouvait à notre disposition. Je veux parler du livre d’Edgar Poe, — en réalité le récit véridique d’Arthur Gordon Pym.

Après l’avoir relu, ce récit, avec tout le soin qu’il méritait, voici la conclusion à laquelle je m’étais désormais arrêté :

Que le fond fût vrai, que la Jane eût découvert et accosté l’île Tsalal, aucun doute à cet égard, pas plus que sur l’existence des six