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entre le cercle polaire et la banquise.

ment, que Hunt fut toujours le premier à la besogne, lorsqu’il y eut manœuvre à faire ou danger à courir.

En vérité, ce qu’était cet homme, on ne saurait en donner une idée ! Quelle différence entre lui et la plupart des matelots recrutés aux Falklands, — surtout le sealing-master Hearne. De ceux-ci, il était bien difficile d’obtenir ce qu’on avait le droit d’attendre et d’exiger. Sans doute, ils obéissaient, car, bon gré mal gré, il faut obéir à un officier tel que Jem West. Mais, par-derrière, que de plaintes, que de récriminations ! Cela, je le craignais, ne présageait rien de bon dans l’avenir.

Il va sans dire que Martin Holt n’avait pas tardé à reprendre ses occupations, et qu’il n’y boudait point. Très entendu à son métier, il était le seul qui, pour l’adresse et le zèle, pouvait rivaliser avec Hunt.

« Eh bien, Holt, lui demandai-je un jour qu’il se trouvait en conversation avec le bosseman, en quels termes êtes-vous maintenant avec ce diable de Hunt ?… Depuis le sauvetage, s’est-il montré un peu plus communicatif ?…

— Non, monsieur Jeorling, répondit le maître-voilier, et il semble même qu’il cherche à m’éviter.

À vous éviter ?… répliquai-je.

— Comme il le faisait auparavant, du reste…

— Voilà qui est singulier…

— Et qui est vrai, ajouta Hurliguerly. J’en ai fait la remarque plus d’une fois.

— Alors il vous fuit comme les autres ?…

— Moi… plus que les autres…

À quoi cela tient-il ?…

— Je ne sais, monsieur Jeorling !

— N’empêche, Holt, que tu lui dois une fameuse chandelle !… déclara le bosseman. Mais n’essaie pas d’en allumer en son honneur !… Je le connais… il soufflerait dessus ! »

Je fus surpris de ce que je venais d’apprendre. Toutefois, en y prê-