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entre le cercle polaire et la banquise.

La goélette évolua juste de ce qu’il fallait pour que le hunier, le petit foc et le tourmentin pussent porter, et elle prit l’allure de la cape courante.

En un tour de main, Hunt et Martin Holt avaient été hissés sur le pont, l’un déposé au pied du mât de misaine, l’autre prêt à donner la main à la manœuvre.

Le maître-voilier reçut les soins que nécessitait son état. La respiration lui revint peu à peu, après un commencement d’asphyxie. Quelques frottements énergiques achevèrent de le rappeler à lui, et ses yeux s’ouvrirent.

« Martin Holt, lui dit le capitaine Len Guy, qui s’était penché sur le maître-voilier, te voilà revenu de loin…

— Oui… oui… capitaine ! répondit Martin Holt en cherchant du regard… Mais… qui est venu à moi ?…

— C’est Hunt… s’écria le bosseman, Hunt qui a risqué sa vie pour te tirer de là !… »

Martin Holt se releva à demi, s’appuya sur le coude et se tourna du côté de Hunt.

Comme celui-ci se tenait en arrière, Hurliguerly vint le pousser vers Martin Holt dont les yeux exprimaient la plus vive reconnaissance.

« Hunt, dit-il, tu m’as sauvé… Sans toi… j’étais perdu… je te remercie… »

Hunt ne répondit pas.

« Eh bien… Hunt… reprit le capitaine Len Guy, est-ce que tu n’entends pas ?… »

Hunt ne semblait point avoir entendu.

« Hunt, redit Martin Holt, approche… Je te remercie… je voudrais te serrer la main !… »

Et il lui tendit la sienne…

Hunt recula de quelques pas, secouant la tête, dans l’attitude d’un homme qui n’a pas besoin de tant de compliments pour une chose si simple…