— Voilà une campagne prodigieuse ! s’écria Glass.
— Par malheur, répondis-je, la Jane n’est jamais revenue…
— Ainsi, monsieur Jeorling, Arthur Pym et Dirk Peters, — une sorte de métis indien d’une force terrible, capable de résister à six hommes — auraient péri ?…
— Non, monsieur Glass, Arthur Pym et Dirk Peters ont échappé à la catastrophe dont la plupart des hommes de la Jane furent les victimes. Ils sont même revenus en Amérique… de quelle façon, je l’ignore. Depuis son retour, Arthur Pym est mort dans je ne sais quelles circonstances. Quant au métis, après avoir habité l’Illinois, il est parti un jour sans prévenir personne, et sa trace n’a pu être retrouvée.
— Et William Guy ?… » demanda M. Glass.
Je racontai comment le cadavre de Patterson, le second de la Jane, venait d’être recueilli sur un glaçon, et j’ajoutai que tout portait à croire que le capitaine de la Jane et cinq de ses compagnons étaient encore vivants sur une île des régions australes, à moins de sept degrés du pôle.
« Ah ! monsieur Jeorling, s’écria Glass, puisse-t-on sauver un jour William Guy et ses matelots, qui m’ont paru être de braves gens !
— C’est ce que l’Halbrane va certainement tenter, dès qu’elle aura été remise en état, car son capitaine Len Guy est le propre frère de William Guy…
— Pas possible, monsieur Jeorling ! s’écria M. Glass. Eh bien, quoique je ne connaisse pas le capitaine Len Guy, j’ose affirmer que les deux frères ne se ressemblent point, — du moins dans la façon dont ils se sont comportés envers le gouverneur de Tristan d’Acunha ! »
Je vis que l’ex-caporal était très mortifié de l’indifférence de Len Guy, qui ne lui avait pas même rendu visite. Que l’on y songe, le souverain de cette île indépendante, dont le pouvoir s’étendait jusqu’aux deux îles voisines, Inaccessible et Nightingale ! Mais il se