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Riva - confirme que cette modification fut prise à fa seule demande de l’écHteur. Michel lui reproche en 1913 :

(Je vous rappelle) « que pour Storitz, vous avez désiré œtte dhose considérable, que le Temps du roman fot changé . Je n’ai jamais vu et je ne vois pas encore grand intérêt à cela. » (2). Dans ces « Compléments sur Storitz » (3) , PhiHppe Lantihony cntlque pertinemment cette absuvde transposition temporelle. IEHe oblige Michel Verne à réadapter ile roman, avec parfois des oublis ou des incohérences. On ne parle plus d’HoUmann, de chemin de fer, de mariage civirl, d’habit noir, etc., mais subistent encore des valses et des mazurkas ... D’autre part, pour exalter d’étrangeté de l’œuvre, Michel Verne introduit de nouveaux épisodes et des réfrlexions incongrues, comme ce paragraphe supplémentaire du chapitre II :

« Peut-être de lecteur s’étonne-t-il en admettant que je doive avoir jamais des lecteurs ! - de fa complète banalité d’un voyage dont j’ai commencé par vanter l’étrangeté ? S’il en est ainsi , qu’irl prenne patience. Avant qu’H soit longtemps, on aum de l’étrange autant qu’on en peut désirer. » Michel Verne supprime les connotations religieuses et fa profanation saori :lège de l’hostie, ajoute une signature de contrat pendant ria soirée de fiançailles, donne des expJications scientifiques do.nt i1l vante - en .note la modernité, et défigure 1a conclusion en faisant réawaraître Myra, alors que cette présence féminine fantomale donnait un charme mélancolique au dénouement. L’éditeur avait 1Sans doute exigé une fin heureuse, mais sa banalité affadit toute l’œuvre. Nous iavons déjà comparé les deux conclusions {4) , et, peut-être, avions-nous donné aux lecteurs l’envie de lire entièrement le roman, pour juger si Jules Hetzel et Michel Verne avaient eu raison de le mépriser, ou si , au contraire, - comme le supposent les critiques (5) - il s’agit du dernier chef-d’œuvre de l’écrivain, dans lequel H s’est beaucoup investi et que la postérité doit connaître, tel qu’il l’a vraiment écrit.

Nous sommes reconnaissant à M. le Maire de Nantes d’avoir autorisé la parution de cette evrsion originale du·Secret de Wilhelm Storitz, conservée depuis 1905 dans les archives de la famiHe Hetzel et confiée par son actuel propriétaire P. Gondola delfa Riva , qu e nous remercions C :’ ) . (2) Lettre publié e dans « Encore à propos d u manuscrit d e Storitz >, B.S.J.V. n° 58 , p. 72 et complétée dans B.S.J.,V.. n° 59, p. 116. (3) Ph. La.nthony : « Compléments s,ur Storltz • , B.S.J. V. n ° 72, pp. 180- 181. (4) O. Dumas : • La fiancé e invisible ou la vraie conclusion de Storitz • , B.S.J. V’. n° 72, pp. 175-179.

(5) M. del Pizzo : c Le secret de Storitz •, B.S.J.V. n° 72, pp. 182-184. (*) Je remercie également Christian Chelebourg d e sa pré cieuse colla boration dans la led,ture et la correction d es épr~ves.

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