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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

capitaine Haralan les ayant remerciés en termes flatteurs, auxquels ils parurent très sensibles, ils se retirèrent.

On procéda alors sans tarder à la signature du contrat, ce qui fut fait avec toute la solennité désirable, puis il y eut ce que j’appellerai un entr’acte, pendant lequel les invités quittèrent leurs places, se recherchèrent, formèrent des groupes sympathiques, quelques-uns se dispersant à travers le jardin brillamment illuminé, tandis que les plateaux circulaient chargés de boissons rafraîchissantes.

Jusqu’à ce moment, rien n’avait troublé l’ordonnance de cette fête, et, bien commencée, il n’y avait aucune raison pour qu’elle ne finît pas de même. Vraiment, si j’avais pu le craindre, si quelques appréhensions étaient nées dans mon esprit, je devais avoir repris toute assurance.

Aussi, je ne marchandai pas les félicitations à Mme Roderich.

« Je vous remercie, monsieur Vidal, me répondit-elle, et je suis satisfaite que mes invités aient passé là une heure agréable. Mais, au milieu de tout ce monde joyeux, je ne vois que ma chère fille et votre frère. Ils sont si heureux !…

— Madame, répliquai-je, c’est un bonheur qui vous était dû. Le plus grand que puissent rêver un père et une mère n’est-il pas celui de leurs enfants ? »

Par quelle bizarre association d’idées, cette phrase assez banale me rappela-t-elle le souvenir de Wilhelm Storitz ? En tout cas, le capitaine Haralan ne paraissait plus songer à lui. Son détachement était-il naturel ou simulé ? Je ne sais, mais il allait d’un groupe à l’autre, animant cette fête de sa joie entraînante, et, sans doute, plus d’une jeune Hongroise le regardait avec quelque admiration. Puis, il jouissait de la sympathie que la ville entière, on peut le dire, avait voulu en cette circonstance témoigner à sa famille.

« Mon cher capitaine, lui dis-je, lorsqu’il passa près de moi, si la fin de la soirée vaut le commencement…