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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

jolis morceaux, ces « Hongroises » qui sont des chants guerriers, des marches militaires, que le Magyar, homme d’action, préfère aux rêveries de la musique allemande.

Peut-être s’étonnera-t-on que, pour une soirée de contrat, on n’eût pas choisi une musique plus nuptiale, mieux appropriée à ce genre de cérémonie. Mais ce n’est pas la tradition, et la Hongrie est le pays des traditions. Elle est fidèle à ses mélodies populaires, comme la Serbie à ses pesmas, comme la Valachie à ses doimas. Ce qu’il lui faut, ce sont ces airs entraînants, ces marches rythmées, qui évoquent le souvenir des champs de bataille et célèbrent les exploits inoubliables de son histoire.

Les tziganes avaient revêtu leurs costumes d’origine bohémienne. Je ne me lassais pas d’observer ces types si curieux, leurs visages hâlés, leurs yeux brillants sous de gros sourcils, leurs pommettes saillantes, la denture aiguë et blanche que découvre leur lèvre, leurs cheveux noirs dont la crêpelure ondulait sur un front un peu fuyant.

Le répertoire de cet orchestre produisit un grand effet. Toute l’assistance écoutait religieusement, puis s’abandonnait à des applaudissements frénétiques. Ainsi furent accueillis les morceaux les plus populaires, que les tziganes enlevèrent avec une maestria capable de réveiller tous les échos de la puszta.

Le temps réservé à ces auditions était écoulé. Pour mon compte, j’avais éprouvé un plaisir des plus vifs, en ce milieu magyar, alors que, dans certaines accalmies de l’orchestre, le lointain murmure du Danube arrivait jusqu’à moi.

Je n’oserais affirmer que Marc eût goûté le charme de cette étrange musique. Il en était une autre, plus douce, plus intime qui enivrait son âme. Assis près de Myra Roderich, leurs regards se parlaient, ils se chantaient ces romances sans paroles qui ravissent le cœur des fiancés.


Après les derniers applaudissements, le chef des tziganes se leva, ses compagnons l’imitèrent. Puis le docteur Roderich et le