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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

officiers, les camarades du capitaine Haralan, qui, bien, que son visage me parût encore soucieux, mettait beaucoup de bonne grâce à recevoir les invités. Les toilettes des dames resplendissaient au milieu des uniformes et des habits de cérémonie. Tout ce monde allait et venait à travers les salons et la galerie. On admirait les cadeaux exposés dans le cabinet du docteur, les bijoux et bibelots de prix, parmi lesquels ceux qui venaient de mon frère témoignaient d’un goût exquis. Sur une des consoles du grand salon était déposé le contrat qui serait signé au cours de la soirée. Sur une autre était placé un magnifique bouquet de roses et de fleurs d’oranger, le bouquet des fiançailles, et, suivant la coutume magyare, auprès du bouquet, sur un coussin de velours, reposait la couronne nuptiale que porterait Myra, le jour du mariage, lorsqu’elle se rendrait à la cathédrale.

La soirée comprenait trois parties, un concert et un bal, séparés par la signature solennelle du contrat. Les danses ne devaient pas commencer avant minuit, et peut-être la plupart des invités regrettaient-ils que l’heure en fut si tardive, car, je le répète, il n’est pas de divertissement auquel Hongrois et Hongroises se livrent avec plus de plaisir et de passion.

La partie musicale avait été confiée à un remarquable orchestre de tziganes. Cet orchestre, en grand renom dans le pays magyar, ne s’était pas encore fait entendre à Ragz. Les musiciens et leur chef prirent place à l’heure dite dans la salle.

Je ne l’ignorais pas, les Hongrois sont enthousiastes de musique. Mais, suivant une juste remarque, il existe entre les Allemands et eux une différence très sensible dans leur manière, d’en goûter le charme. Le Magyar est un dilettante, non un exécutant. Il ne chante pas, ou chante peu, il écoute, et lorsqu’il s’agit de la musique nationale, écouter est à la fois pour lui une affaire sérieuse et un plaisir d’une, extraordinaire intensité.

L’orchestre se composait d’une douzaine d’exécutants sous la direction d’un chef. Ce qu’ils allaient jouer, c’étaient leurs plus