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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

pour un tel mariage, je répondis à Wilhelm Storitz qu’il ne pouvait être donné suite à sa proposition. Au lieu de s’incliner devant ce refus, il renouvela sa demande en termes formels, et je lui répétai non moins formellement ma réponse de manière à ne lui laisser aucun espoir.

Tandis que parlait le docteur Roderich, le capitaine Haralan allait et venait à travers la pièce et s’arrêtait parfois à l’une des fenêtres pour regarder dans la direction du boulevard Tékéli.

— Monsieur Roderich, dis-je, j’avais eu connaissance de cette demande et je savais qu’elle s’est produite antérieurement à la demande de mon frère.

— À peu près trois mois avant, monsieur Vidal.

— Ainsi, repris-je, ce n’est pas parce que Marc était déjà agréé que Wilhelm Storitz s’est vu refuser la main de Mlle Myra, mais uniquement parce que ce mariage n’entrait pas dans vos vues.

— Assurément. Jamais nous n’aurions consenti à cette union qui ne pouvait nous convenir sous aucun rapport, et à laquelle Myra eût opposé un refus catégorique.

— Est-ce la personne ou la situation de Wilhelm Storitz qui vous a dicté cette résolution ?

— Sa situation est probablement assez belle, répondit le docteur Roderich. On croit volontiers que son père lui a légué une fortune considérable, due à de fructueuses découvertes. Quant à sa personne…

— Je le connais, monsieur Roderich.

— Vous le connaissez ?

Je racontai dans quelles conditions j’avais rencontré Wilhelm Storitz sur la Dorothée, sans me douter alors de qui il s’agissait. Pendant plus de quatre jours, cet Allemand avait été mon compagnon de voyage entre Buda-Pest et Vukovar, où je pensais qu’il avait débarqué, puisqu’il ne se trouvait plus à bord lors de mon ; arrivée à Ragz.