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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

— Va, mon cher Marc, lui répondis-je, et ne t’occupe pas de moi.

— Haralan ne doit-il pas venir te prendre ?

— Non, il n’est pas libre. Mais peu importe, j’irai déjeuner seul dans quelque cabaret, sur l’autre rive du Danube.

— Surtout, mon cher Henri, sois revenu à sept heures !

— La table du docteur est trop bonne pour que je puisse l’oublier.

— Gourmand !… J’espère que tu n’oublies pas davantage la soirée qui sera donnée après demain à l’hôtel. Tu pourras en profiter pour étudier la haute société de Ragz.

— Une soirée de fiançailles, Marc ?

— Si tu veux, mais plutôt de contrat. Il y a longtemps que ma chère Myra et moi nous sommes fiancés… Il me semble même que nous l’avons toujours été.

— Oui, de naissance.

— Peut-être bien !

— Adieu donc, ô le plus heureux des hommes !

— Tu es trop pressé. Tu me diras cela quand ma fiancée sera ma femme ! »

Marc se retira après m’avoir serré la main, et j’étais sur le point de partir, lorsque le capitaine Haralan parut. J’en fus assez étonné, puisqu’il était convenu que je ne devais pas le voir ce jour-là.

« Vous ? m’écriai-je. Eh bien, mon cher capitaine, voilà une agréable surprise !

Me trompais-je, mais il me sembla que le capitaine Haralan était soucieux. Il se contenta de me répondre :

— Mon cher Vidal, mon père désire vous parler. Il vous attend à l’hôtel.

— Je suis à vous, » répondis-je, fort surpris, inquiet même sans trop savoir pourquoi.

Tandis que nous suivions côte à côte le quai Batthyani, le capitaine Haralan ne prononça pas une parole. Que se passait-il