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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

fouillées, sa grande rosace que traversent les rayons du soleil couchant, et dont s’éclaire largement alors la grande nef, enfin son abside arrondie entre ses multiples arcs-boutants.

« Nous aurons le temps d’en visiter plus tard l’intérieur, me fit observer le capitaine Haralan.

— Ce sera comme vous voudrez, répondis-je. Vous me guidez, mon cher capitaine, et je vous suis…

— Eh bien, remontons jusqu’au Château ; puis nous contournerons la ville par les boulevards, et nous arriverons chez ma mère, juste pour l’heure du déjeuner. »

Ragz possède quelques temples des rites luthérien et grec, sans aucune valeur architecturale, et plusieurs autres églises, car les catholiques y sont en grande majorité. La Hongrie appartient surtout à la religion apostolique et romaine, bien que Buda-Pest, sa capitale, soit, après Cracovie, la cité qui renferme le plus grand nombre de juifs. Là, comme bien souvent ailleurs, la fortune des magnats est passée presque tout entière entre leurs mains.

En nous dirigeant vers le Château, nous dûmes traverser un faubourg assez animé, où se pressaient vendeurs et acheteurs. Et, précisément à l’instant, où nous arrivions sur une petite place, il s’y faisait un tapage plus tumultueux que ne le comporte le brouhaha des achats et des ventes.

— Quelques femmes, ayant abandonné leurs étalages, entouraient un homme, un paysan qui venait de choir sur le sol et se relevait avec peine. Cet homme semblait fort en colère :

« Je vous dis qu’on m’a frappé… qu’on m’a poussé, et que j’en suis tombé du coup !

— Qui donc t’aurait frappé ? répliqua une de ces femmes… Tu étais seul à ce moment-là… Je te voyais bien de mon échoppe… Il n’y avait personne en cet endroit…

— Si, affirmait l’homme, une poussée, là, en pleine poitrine… je l’ai bien sentie ; que diable ! »