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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

— Mon cher Henri, répondit Marc, tu voudras bien dire au docteur, j’y compte, que le temps d’un ingénieur est très précieux, et que si tu prolongeais outre mesure ton séjour à Ragz, le fonctionnement du système solaire, n’étant plus soumis à tes savants calculs, pourrait être détraqué.

— En un mot, que je serais responsable des tremblements de terre, inondations, raz-de-marée et autres cataclysmes ?

— C’est cela… Qu’on ne peut donc reculer la cérémonie plus tard…

— Qu’après-demain ou même ce soir, n’est-ce pas ?.. Sois rassuré, mon cher Marc, je dirai tout ce qu’il faudra, bien que mes calculs ne soient pas, en réalité, si nécessaires que tu le supposes au bon ordre de l’univers, ce qui me permettra de passer, un bon mois, près de ta femme et près de toi.

— Ce serait parfait.

— Mais, mon cher Marc, quels sont tes projets ? As-tu l’intention de quitter Ragz aussitôt après ton mariage ?

— Voilà ce qui n’est pas encore décidé, répondit Marc, et nous avons le temps d’étudier la question. Je ne m’occupe que du présent. Quant à l’avenir, il se borne pour moi à mon mariage. Rien n’existe au delà.

— Le passé n’est plus, m’écriai-je, l’avenir n’est pas, le présent est seul ! Il y a là-dessus un concetto italien que tous les amoureux récitent aux étoiles. »

La conversation se continua sur ce ton jusqu’à l’heure du dîner. Puis Marc et moi, fumant notre cigare, nous allâmes faire les cent pas en suivant le quai qui longe la rive gauche du Danube.

Ce n’est pas cette première promenade nocturne qui pouvait me donner un aperçu de la ville. Mais, le lendemain et les jours suivants, j’aurais tout le temps de la visiter en détail, plus probablement en compagnie du capitaine Haralan que de Marc.

Il va de soi que le sujet de notre conversation n’avait