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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

— Plaisante !… Plaisante !… D’abord, Henri, ici, nous ne sommes pas en France, mais en Hongrie, dans ce pays magyar où les mœurs ont gardé quelque chose de la sévérité d’autrefois, où la famille est encore patriarcale…

— Allons, futur patriarche, car tu le seras à ton tour…

— C’est une situation, sociale qui en vaut bien une autre !

— Oui, émule de Mathusalem, de Noé, d’Abraham, d’Isaac, de Jacob ! Enfin, ton histoire, ce me semble, n’a rien de bien extraordinaire. Grâce au capitaine Haralan, tu as été introduit dans cette famille et on t’y a fait le meilleur accueil, ce qui ne saurait m’étonner, tel que je te connais ; tu n’as pu voir Mlle Myra sans être séduit par ses qualités physiques et morales…

— Comme tu dis, frère !

— Les qualités morales, c’était pour le fiancé. Les qualités physiques, c’était pour le peintre, et celles-ci ne s’effaceront pas plus de la toile que celles-là de ton cœur… Que penses-tu de ma phrase ?

— Boursouflée, mais juste, mon cher Henri !

— Juste aussi ton appréciation, et, pour conclure, de même que Marc Vidal n’a pu voir Mlle Myra Roderich sans être touché de sa grâce, Mlle Myra Roderich n’a pu voir Marc Vidal sans être touchée de…

— Je ne dis pas cela, Henri !

— Mais je le dis, moi, ne fût-ce que par respect pour la sainte vérité des choses… Et M. et Mme Roderich, après s’être aperçus de ce qui se passait, n’en ont point pris ombrage. Et Marc n’a pas tardé à s’en ouvrir au capitaine Haralan. Et le capitaine Haralan n’a point vu cela d’un mauvais œil. Il a parlé de cette petite affaire à ses parents, et ceux-ci en ont parlé à leur fille.. Puis, Marc Vidal a fait officiellement sa demande qui fut agréée, et ce roman va finir comme tant d’autres du même genre…