Page:Verne - Le Secret de Wilhelm Storitz, 1910.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

— Je le crois bien ! s’écria mon frère, et ce n’est point sa faute, mon cher Henri, si la Dorothée n’a pas fait ses dix lieues à l’heure depuis ton départ de Vienne ! »

À noter que le capitaine Haralan parlait couramment le français, comme son père, sa mère, sa sœur, qui avaient voyagé en France. D’autre part, puisque Marc et moi nous avions une parfaite connaissance de la langue allemande, avec quelque teinture de la langue hongroise, dès ce jour-là et dans la suite nous pûmes converser indifféremment dans ces diverses langues, qui s’entremêlaient parfois.

Une voiture prit mon bagage. Le capitaine Haralan et Marc y montèrent avec moi, et, quelques minutes après, elle s’arrêta devant l’hôtel Temesvar.

Rendez-vous fixé au lendemain pour ma première visite à la famille Roderich, je restai seul avec mon frère, dans une chambre assez confortable, voisine de celle qu’il occupait depuis son installation à Ragz.

Notre entretien se poursuivit jusqu’à l’heure du dîner.

« Mon cher Marc, lui dis-je, nous voici donc enfin réunis tous deux en bonne santé, n’est-ce pas ?.. Si je ne me trompe, c’est une grande année qu’aura duré notre séparation.

— Oui, Henri, et le temps m’a paru long, bien que la présence de ma chère Myra en ait joliment abrégé les derniers mois… Mais, te voilà, et l’absence ne m’a pas fait oublier que tu es mon grand frère.

— Ton meilleur ami, Marc.

— Aussi, Henri, tu le comprends, mon mariage ne pouvait s’accomplir sans que tu fusses là, près de moi !.. Ne devais-je pas, d’ailleurs, te demander ton consentement ?

— Mon consentement ?

— Oui, comme je le demanderais à notre père, s’il était là. Mais, pas plus que lui, tu n’aurais eu à me le refuser, et, quand tu la connaîtras…