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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Mais enfin, existait-il un remède à cette situation ? Je n’en voyais aucun, je l’avoue. Le départ de Marc et de Myra ne l’eût pas changée. Wilhelm Storitz n’avait-il pas, en effet, le pouvoir de les suivre en toute liberté ? Sans compter que l’état dans lequel se trouvait Myra ne lui permettait guère de quitter Ragz.

Pour l’instant, où était-il, notre insaisissable ennemi ? Nul n’eût été capable de le dire avec certitude, si une série d’événements ne nous eussent prouvé coup sur coup qu’il s’obstinait à séjourner au milieu d’une population qu’il bravait et terrorisait impunément.

Le premier de ces événements faillit mettre notre désespoir au comble. Deux jours pleins s’étaient alors écoulés depuis la terrible scène de l’église Saint-Michel, sans qu’aucune amélioration se fût manifestée dans la santé de Myra, toujours privée de raison, toujours alitée, toujours entre la vie et la mort. Nous étions au 4 juin. Après le déjeuner, toute la famille Roderich, mon frère et moi compris, était réunie dans la galerie, et nous discutions avec animation la meilleure conduite à adopter, quand un éclat de rire véritablement satanique retentit à nos oreilles.

Nous nous levâmes tous épouvantés. Marc et le capitaine Haralan, pris d’une sorte de frénésie, s’élancèrent d’un même mouvement vers la partie de la galerie d’où semblait venir cet effrayant éclat de rire, mais ce fut pour s’arrêter au bout de quelques pas. Tout se passa en deux secondes. En deux secondes, je vis fulgurer un éclair, comme celui d’une lame brillante décrivant dans la lumière sa courbe homicide ; je vis mon frère chanceler, et le capitaine Haralan le recevoir dans ses bras…

Je me précipitai à leur secours, au moment même où une voix — cette voix que nous connaissions tous, à présent ! — prononçait avec l’accent d’une indomptable volonté :

« Jamais Myra Roderich ne sera la femme de Marc Vidal !… Jamais ! »


Aussitôt, une violente poussée d’air fit vaciller les lustres, la