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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

piration réduite à un souffle, un souffle qui pouvait s’éteindre d’un instant à l’autre !…

Marc lui tenait les mains. Il pleurait. Il la suppliait, l’appelait : « Myra… ma chère Myra !… »

D’une voix étouffée par les sanglots, Mme Roderich répétait en vain :

« Myra… mon enfant… Je suis là… près de toi… ta mère… »

La jeune fille ne rouvrait pas les yeux, et certainement elle ne l’entendait pas.

Cependant les médecins avaient essayé des remèdes les plus énergiques. Il sembla que la malade allait reprendra connaissance… Ses lèvres balbutièrent de vagues mots dont il fut impossible de saisir le sens, ses doigts s’agitèrent entre les mains de Marc, ses yeux se rouvrirent à demi… Mais quel regard incertain, sous ces paupières à demi relevées ! Quel regard où manquait l’intelligence !…

Marc ne le comprit que trop. Tout à coup, il recula, en poussant ce cri :

« Folle… Folle !… »

Je me précipitai sur lui et le maintins avec l’aide du capitaine Haralan, en me demandant si, lui aussi, il n’allait pas perdre la raison. Il fallut l’entraîner dans une autre pièce où les médecins luttèrent contre cette crise, dont l’issue aurait pu être fatale.

Quel serait le dénouement de ce drame ? Y avait-il lieu d’espérer que Myra recouvrerait avec le temps son intelligence, que les soins triompheraient de l’égarement de son esprit, que cette folie ne serait que passagère ?

Le capitaine Haralan, lorsqu’il se retrouva seul avec moi, me dit :

« Il faut en finir !… »

En finir ?… Comment l’entendait-il ? Que Wilhelm Storitz fût revenu, à Ragz, qu’il fût l’auteur de cette profanation, nous n’en