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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

s’asseoir de chaque côté des fauteuils réservés aux fiancés. En arrière, prirent place les quatre témoins, M. Neuman et le capitaine Haralan à gauche, le lieutenant Armgard et moi, à droite.

Un maître des cérémonies annonça le Gouverneur. Tout le monde se leva à son entrée.

Celui-ci s’assit sur son trône, puis demanda aux parents s’ils consentaient au mariage de leur fille avec Marc Vidal. Ce fut ensuite aux deux fiancés que le Gouverneur posa les questions d’usage :

« Marc Vidal, promettez-vous de prendre Myra Roderich pour épouse ?

— Je le jure, répondit mon frère, à qui on avait fait la leçon.

— Myra Roderich, promettez-vous de prendre Marc Vidal pour époux ?

— Je le jure, répondit Mlle Myra.

— Nous, Gouverneur de Ragz, prononça alors son Excellence, en vertu des pouvoirs qui nous ont été conférés par l’Impératrice-Reine, et conformément aux franchises séculaires de la ville de Ragz, baillons licence de mariage à Marc Vidal et à Myra Roderich. Voulons et ordonnons que ledit mariage soit célébré dès demain, en la forme régulière, dans l’église cathédrale de la ville. »

Ainsi s’étaient passées les choses dans leur simplicité habituelle. Aucun prodige n’avait troublé l’audience, et, bien que cette idée m’eût un instant traversé l’esprit, ni l’acte sur lequel furent apposées les signatures ne fut déchiré, ni les plumes arrachées de la main des mariés ou des témoins.

Décidément, Wilhelm Storitz était à Spremberg — il pouvait y rester pour la joie de ses compatriotes ! — ou, s’il était à Ragz, c’est alors qu’il avait épuisé son pouvoir.

Maintenant, que ce sorcier surfait le voulût ou non, Myra Roderich serait la femme de Marc Vidal, ou elle ne le serait de personne.