Je m’empressais de communiquer cette nouvelle à Marc et au capitaine Haralan.
Cependant, bien que le bruit de cette affaire se fût notablement assoupi, le Gouverneur de Ragz ne laissait pas de s’en inquiéter encore. Que les prodigieux phénomènes, dont personne n’avait pu donner une explication plausible, fussent dus à quelque tour d’adresse merveilleusement exécuté ou à toute autre cause, ils n’en avaient pas moins troublé la ville, et il convenait d’empêcher qu’ils vinssent à se renouveler.
Qu’on ne s’étonne donc pas si son Excellence fut vivement impressionnée, lorsque le chef de police lui fit connaître la situation de Wilhelm Storitz vis-à-vis de la famille Roderich et quelles menaces il avait proférées !
Aussi, lorsque le Gouverneur connut les résultats de la perquisition, résolut-il de sévir contre cet étranger. En somme, il y avait eu vol, vol commis par Wilhelm Storitz, ou à son profit par un complice. Si donc il n’eût pas quitté Ragz, on l’aurait arrêté, et, une fois entre les quatre murs d’une prison, il n’est pas probable qu’il en eût pu sortir sans être vu, comme il était entré dans les salons de l’hôtel Roderich.
C’est pourquoi, le 30 mai, la conversation suivante s’engagea entre son Excellence et M. Stepark.
« Vous n’avez rien appris de nouveau ?
— Rien, monsieur le Gouverneur.
— Il n’y a aucune raison de croire que Wilhelm Storitz ait l’intention de revenir à Ragz ?
— Aucune.
— Sa maison est toujours surveillée ?
— Jour et nuit.
— J’ai dû écrire à Buda-Pest, reprit le Gouverneur, à propos de cette affaire dont le retentissement a été plus considérable peut-être qu’elle ne le mérite, et je suis invité à prendre des mesures pour y mettre fin.