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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

votre frère pendant son séjour dans la capitale hongroise, et qui m’en a fait le plus grand éloge. Son succès y fut très vif, et l’accueil qu’il avait reçu à Buda-Pest, il l’a retrouvé à Ragz, ce qui ne saurait vous surprendre, mon cher Vidal.

— Et, insistai-je, cet officier n’a pas été moins élogieux en ce qui concerne la famille Roderich ?

— Assurément. Le docteur est un savant dans toute l’acception du mot. Son renom est universel dans le royaume d’Autriche-Hongrie. Toutes les distinctions lui ont été accordées, et, au total, c’est un beau mariage que fait là votre frère, car, paraît-il, Mlle Myra Roderich est fort jolie personne.

— Je ne vous étonnerai pas, mon cher ami, répliquai-je, en vous affirmant que Marc la trouve telle, et qu’il me semble en être très épris.

— C’est au mieux, mon cher Vidal, et vous voudrez bien transmettre mes félicitations et mes souhaits à votre frère, dont le bonheur aura ce raffinement suprême qu’il fera des jaloux… Mais, s’interrompit mon interlocuteur en hésitant, je ne sais si je ne commets pas une indiscrétion… en vous disant…

— Une indiscrétion ?… fis-je, étonné.

— Votre frère ne vous a jamais écrit que quelques mois avant son arrivée à Ragz…

— Avant son arrivée ?… répétai-je.

— Oui… Mlle Myra Roderich… Après tout, mon cher Vidal, il est possible que votre frère n’en ait rien su.

— Expliquez-vous, cher ami, car je ne vois absolument pas à quoi vous faites allusion.

— Eh bien, il paraît — ce qui ne saurait surprendre — que Mlle Myra Roderich avait été déjà très recherchée, et plus spécialement par un personnage qui, d’ailleurs, n’est pas le premier venu. C’est, du moins, ce que m’a raconté mon officier de l’ambassade, lequel, il y a cinq semaines, se trouvait encore à Buda-Pest.