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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

dîmes l’escalier, après avoir une dernière fois visité inutilement toutes les chambres de la maison.

Les portes du perron et de la grille furent fermées à clef, les scellés y furent apposés et la maison resta en l’état d’abandon où nous l’avions trouvée. Toutefois, sur l’ordre de leur chef, deux agents demeurèrent en surveillance aux environs.

Après avoir pris congé de M. Stepark, qui nous demanda de garder le secret sur cette perquisition, le capitaine Haralan et moi, nous revînmes à l’hôtel Roderich, en suivant le boulevard.

Mon compagnon ne pouvait se contenir, et sa colère débordait en phrases et en gestes d’une grande violence. J’eusse vainement essayé de le calmer. J’espérais, d’ailleurs, que Wilhelm Storitz avait quitté ou quitterait la ville, lorsqu’il saurait que sa demeure avait été visitée et que la police possédait la preuve du rôle joué par lui dans cette affaire.

Je me bornai à dire :

« Mon cher Haralan, je comprends votre colère, je comprends que vous ne vouliez pas laisser impunies ces insultes. Mais n’oubliez pas que M. Stepark nous a demandé le secret.

— Et mon père ?… Et votre frère ?… Ne vont-ils pas s’informer du résultat de la perquisition ?

— Évidemment, mais nous leur répondrons tout simplement nous n’avons pu rencontrer Wilhelm Storitz, et qu’il ne doit plus être à Ragz, ce qui me paraît probable, d’ailleurs.

— Vous ne direz pas que la couronne a été découverte chez lui ?

— Si, mieux vaut qu’ils le sachent. Mais inutile d’en parler à votre mère et à votre sœur. À quoi bon aggraver leurs inquiétudes ? À votre place, je dirais que la couronne a été retrouvée dans le jardin de l’hôtel et je la rendrais à votre sœur. »

Malgré sa répugnance, le capitaine Haralan convint que j’avais raison, et il fut convenu que j’irais chercher la couronne chez M. Stepark, qui ne refuserait sans doute pas de s’en dessaisir.