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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Après quelques instants d’un silence que je ne cherchai point à rompre, le docteur conclut :

— Acceptons les choses comme elles sont, et n’essayons pas de nous abuser. Nous sommes en présence de faits qui semblent échapper à toute explication naturelle, et qui ne sont pas niables. Cependant, en restant dans le domaine du réel, voyons si quelqu’un, non pas un mauvais plaisant, mais un ennemi, aurait voulu, par vengeance, troubler cette soirée de fiançailles.

En somme, c’était placer la question sur son véritable terrain.

— Un ennemi ?… s’écria Marc. Un ennemi de votre famille ou de la mienne, monsieur Roderich ? En connaîtriez-vous ?

— Oui, affirma le capitaine Haralan. Celui qui avant vous, Marc, avait demandé la main de ma sœur.

— Wilhelm Storitz ?

— Wilhelm Storitz.

Marc fut alors mis au courant de ce qu’il ignorait encore. Le docteur lui raconta la nouvelle tentative qu’avait faite Wilhelm Storitz quelques jours auparavant. Mon frère connut la réponse si catégorique du docteur, puis, les menaces proférées par son rival contre la famille Roderich, menaces de nature à justifier dans une certaine mesure le soupçon que celui-ci avait participé d’une manière quelconque aux scènes de la veille.

— Et vous ne m’avez rien dit de tout cela !… s’écria Marc. C’est aujourd’hui seulement, lorsque Myra est menacée, que vous m’avertissez !… Eh bien ! ce Wilhelm Storitz, je vais aller le trouver, et je saurai…

— Laissez-nous ce soin, Marc, dit le capitaine Haralan. C’est la maison de mon père qu’il a souillée de sa présence…

— C’est ma fiancée qu’il a insultée ! répondit Marc, qui ne se contenait plus.

Évidemment, la colère les égarait tous deux. Que Wilhelm Storitz eût l’intention de se venger de la famille Roderich et de mettre ses menaces à exécution, soit ! Mais qu’il fût intervenu