VIII
Dès les premières heures du jour, le bruit des incidents dont l’hôtel Roderich venait d’être le théâtre se répandit par la ville. Tout d’abord, ainsi que je m’y attendais, le public ne voulut pas admettre que ces phénomènes fussent naturels. Cependant, ils l’étaient, ils ne pouvaient pas ne pas l’être. Quant à en donner une explication acceptable, c’était autre chose.
Je n’ai pas besoin de dire que la soirée avait pris fin après la scène que j’ai racontée. Marc et Myra en avaient paru désolés. Ce bouquet de fiançailles piétiné, ce contrat déchiré, cette couronne nuptiale volée sous leurs yeux !… À la veille du mariage, quel mauvais augure !
Pendant la journée, des groupes nombreux stationnèrent devant l’hôtel Roderich, sous les fenêtres du rez-de-chaussée qui n’avaient pas été rouvertes. Les gens du peuple, en majorité des femmes, affluaient sur le quai Batthyani.
Dans ces groupes, on causait avec une extrême animation. Les uns s’abandonnaient aux idées les plus extravagantes ; les autres se contentaient de jeter des regards peu rassurés sur l’hôtel.
Ni Mme Roderich ni sa fille n’étaient sorties ce matin-là suivant leur habitude. Myra était restée près de sa mère, dangereusement impressionnée par les scènes de la veille, et qui avait besoin du plus grand repos.
À huit heures, Marc ouvrit la porte de ma chambre. Il amenait avec lui le docteur et le capitaine Haralan. Nous avions à causer, peut-être à convenir de quelques mesures urgentes, et mieux