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SERGE LADKO.

Russie, étaient effectués par terre, à travers la Hongrie et la Roumanie, c’est-à-dire dans des contrées fort dépourvues à cette époque de lignes ferrées. Les patriotes bulgares espérèrent arriver plus aisément au résultat désiré, si l’un d’eux remontait à Budapest et y centralisait les envois d’armes venus par rail, pour en charger des chalands qui descendraient ensuite rapidement le Danube.

Ladko, désigné pour cette mission de confiance, se mit en route le soir même. En compagnie d’un compatriote, qui devait ramener le bateau à la rive bulgare, il traversa le fleuve, afin de gagner, le plus vite possible, à travers la Roumanie, la capitale de la Hongrie. À ce moment, un incident se produisit qui donna beaucoup à penser au délégué des conspirateurs.

Son compagnon et lui n’étaient pas à cinquante mètres du bord quand un coup de feu retentit. La balle leur était destinée sans aucun doute, car ils l’entendirent siffler à leurs oreilles, et le pilote en douta d’autant moins que, dans le tireur entrevu à l’obscure lumière du crépuscule, il crut reconnaître Striga. Celui-ci était donc de retour à Roustchouk ?

L’angoisse mortelle que cette complication lui fit éprouver n’ébranla pas la résolution de Ladko. Il avait fait d’avance à la patrie le sacrifice de sa vie. Il saurait aussi, s’il le fallait, lui sacrifier plus encore : son bonheur mille fois plus précieux. Au bruit