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LE PILOTE DU DANUBE.

Russie méridionale, la Roumanie, la Serbie, la Bulgarie, la Hongrie, la Turquie même bien étonnée de jouer un pareil rôle — si toutefois le pays qu’on nomme ainsi aujourd’hui est encore à cette époque au pouvoir des fils d’Osman — seront par la force des choses le rempart avancé de l’Europe, et c’est à leurs dépens que se décideront les premiers chocs.

En attendant ces cataclysmes, dont l’échéance est, à tout le moins, fort lointaine, les diverses races qui, au cours des âges, se sont superposées entre la Méditerranée et les Karpathes ont fini par se tasser vaille que vaille, et la paix — oh ! cette paix relative des nations dites civilisées — n’a cessé d’étendre son empire vers l’Est. Les troubles, les pillages, les meurtres à l’état endémique paraissent désormais limités à la partie de la péninsule des Balkans encore gouvernée par les Osmanlis.

Entrés pour la première fois en Europe en 1356, maîtres de Constantinople en 1453, les Turcs se heurtèrent aux précédents envahisseurs, qui, venus avant eux de l’Asie centrale et depuis longtemps convertis au christianisme, commençaient dès lors à s’amalgamer aux populations indigènes et à s’organiser en nations régulières et stables. Perpétuel recommencement de l’éternelle bataille pour la vie, ces nations naissantes défendirent avec acharnement ce qu’elles-mêmes avaient pris à d’autres.