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LE PASSAGER D’ILIA BRUSCH.

Toutefois, dire que le quai était désert ne serait pas scrupuleusement exact. Il avait au moins un promeneur, et même tout portait à croire que ce promeneur attendait Ilia Brusch, puisque, depuis le moment où la barge était apparue, il l’avait suivie, en marchant le long de la rive. Selon toute probabilité, le lauréat de la Ligue Danubienne n’éviterait donc pas l’ovation habituelle.

Cependant, depuis que la barge était amarrée à quai, le promeneur solitaire ne s’en était pas rapproché. Il restait à quelque distance, paraissant observer, comme soucieux de n’être pas vu lui-même. C’était un homme de taille moyenne, sec, l’œil vif, bien qu’il eût certainement dépassé la quarantaine, le corps serré dans un vêtement à la mode hongroise. Il tenait à la main une valise de cuir.

Ilia Brusch, sans lui prêter aucune attention, amarra solidement son bateau, ferma la porte du tôt, s’assura que le couvercle des coffres était bien cadenassé, puis sauta à terre, et gagna la première rue remontant vers la ville.

L’homme aussitôt de lui emboîter le pas, après avoir rapidement déposé dans la barge la valise de cuir qu’il tenait à la main.

Traversée par le Danube, Ulm est wurtembergeoise sur la rive gauche, et bavaroise sur la rive droite, mais, sur les deux rives, c’est une ville bien allemande.

Ilia Brusch allait le long des vieilles rues