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LE PASSAGER D’ILIA BRUSCH.

III

LE PASSAGER D’ILIA BRUSCH.

Elle était donc commencée, cette descente du grand fleuve, qui allait promener Ilia Brusch à travers un duché : celui de Bade ; deux royaumes : le Wurtemberg et la Bavière ; deux empires : l’Autriche-Hongrie et la Turquie ; trois principautés : le Hohenzollern, la Serbie et la Roumanie[1]. L’original pêcheur n’avait à redouter aucune fatigue pendant ce long parcours de plus de sept cents lieues. Le courant du Danube se chargerait de le transporter jusqu’à l’embouchure, à raison d’un peu plus d’une lieue à l’heure, soit, en moyenne, une cinquantaine de kilomètres par jour. En deux mois, il serait ainsi au terme de son voyage, à condition qu’aucun incident ne l’arrêtât en route. Mais pourquoi aurait-il éprouvé des retards ?

Le canot d’Ilia Brusch mesurait une douzaine de pieds. C’était une sorte de barge à fond plat, large de quatre pieds en son milieu. À l’avant, s’arrondissait un rouf, un tôt, si l’on veut, sous lequel deux hommes auraient pu s’abriter. À l’intérieur de ce rouf, deux coffres latéraux, placés en abord, contenaient la garde-robe très réduite du

  1. Ces deux principautés ont été érigées depuis en royaumes, la Roumanie en 1881 et la Serbie en 1882.