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AUX SOURCES DU DANUBE.

— À moins qu’il ne le fasse pas ! insinua le Serbe facétieux, en se mêlant sans façon à la conversation.

D’autres pêcheurs se rapprochèrent. M. Jaeger et M. Miclesco devinrent le centre d’un petit groupe.

— Qu’entendez-vous par là ? interrogea M. Miclesco. Vous avez une brillante imagination, Michael Michaelovitch.

— Simple plaisanterie, mon cher Président, répondit l’interrupteur. Cependant, si Ilia Brusch ne peut être, selon vous, ni un policier ni un malfaiteur, pourquoi n’aurait-il pas voulu se payer, comme on dit, notre tête, et pourquoi ne serait-il pas tout simplement un farceur ?

M. Miclesco prit la chose sur le mode grave.

— Votre esprit est malveillant, Michael Michaelovitch, répliqua-t-il. Cela vous jouera un mauvais tour un jour ou l’autre. Ilia Brusch m’a fait l’effet d’un brave homme et d’un homme sérieux. D’ailleurs, il est membre de la Ligue Danubienne. C’est tout dire.

— Bravo ! cria-t-on de tous côtés.

Michael Michaelovitch, sans paraître autrement confus de la leçon, saisit avec une admirable présence d’esprit cette nouvelle occasion de porter un toast.

— Dans ce cas, dit-il, en saisissant son moss, à la santé d’Ilia Brusch !

— À la santé d’Ilia Brusch ! » répondit en choeur l’assistance, sans excepter M. Jae-