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LE PILOTE DU DANUBE.

la circonstance présente, il n’y avait pas si longtemps qu’il s’était trouvé en face du propriétaire, pour qu’une erreur fût à redouter. Cette voix, qui, dans la clairière, au pied du mont Pilis, avait résonné à son oreille, c’était le fil conducteur vainement cherché jusqu’ici. Pour ingénieuses qu’elles pussent paraître, ses déductions relatives à son compagnon de voyage n’étaient en somme que des hypothèses. La voix, au contraire, lui apportait enfin une certitude. Entre le probable et le certain, l’hésitation était impossible, et c’est pourquoi le détective, abandonnant sa filature, s’était lancé sur une nouvelle piste.

« Bonsoir, Titcha, prononça en allemand Karl Dragoch lorsque l’homme fut arrivé à proximité.

Celui-ci s’arrêta, cherchant à percer l’obscurité de la nuit.

— Qui me parle ? interrogeait-il.

— Moi, répondit Dragoch.

— Qui ça, vous ?

— Max Raynold.

— Connais pas.

— Mais je vous connais, moi, puisque je vous ai appelé par votre nom.

— C’est juste, reconnut Titcha. Il faut même que vous ayez de bons yeux, camarade.

— Ils sont excellents, en effet.

Le dialogue fut interrompu un instant.

— Que me voulez-vous ? reprit Titcha.

— Vous parler, déclara Dragoch, à vous