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LE PILOTE DU DANUBE.

plus d’une heure, et il redoutait qu’une ronde ne vînt l’inspecter. Son évasion ne serait-elle pas découverte alors, malgré la manière dont il avait disposé sa couchette ? Il importait d’être loin auparavant. La barge était là, à deux pas de lui ! Quelques coups d’aviron suffiraient à le mettre hors de l’atteinte de ses persécuteurs.

Interrompant son travail à chaque passage du soldat de garde, Serge Ladko dénoua fébrilement sa corde, la ramena à lui en hâlant sur l’un des brins, puis, la doublant de nouveau et entourant de la boucle ainsi formée l’une des saillies intérieures, il commença sa descente, après s’être assuré que la rue était déserte.

Arrivé heureusement à terre, il fît aussitôt retomber la corde à ses pieds et la roula en paquet. Tout était terminé. Il était libre, et aucune trace ne subsisterait de son audacieuse évasion.

Mais, comme il allait partir à la recherche de sa barge, une voix s’éleva tout à coup dans la nuit.

« Parbleu ! prononçait-on à moins de dix pas, c’est M. Ilia Brusch, ma parole ! »

Serge Ladko eut un tressaillement de plaisir. Le sort décidément se déclarait en sa faveur puisqu’il lui envoyait le secours d’un ami.

« M. Jaeger ! » s’écria-t-il d’une voix joyeuse, tandis qu’un passant sortait de l’ombre et se dirigeait vers lui.