Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.

273
ENTRE CIEL ET TERRE.

Parmi ces derniers, le pilote, du premier coup d’œil, reconnut sa barge. Rien ne la distinguait des embarcations ses voisines, et il ne semblait pas qu’elle fût l’objet d’une surveillance particulière. Ce serait une heureuse chance, s’il parvenait à la reconquérir. En moins d’une heure, grâce à elle, il aurait franchi la frontière, et, en territoire serbe, il se rirait de la justice austro-hongroise.

Serge Ladko reporta ses regards vers la droite, et, de ce côté, il remarqua aussitôt une particularité qui le rendit attentif. Retenue de distance en distance par de solides crampons scellés dans le bâtiment, une tige de fer venue du toit — la chaîne du paratonnerre selon toute vraisemblance — passait à proximité de sa fenêtre, pour aller finalement s’enfoncer dans le sol. Cette tige de fer eût rendu la descente assez facile, si l’on avait pu arriver jusqu’à elle.

Or, ceci n’était peut-être pas irréalisable. À la hauteur du carrelage de sa cellule, une sorte de bandeau, motivé par la décoration de l’édifice, courait le long du mur en faisant une saillie de vingt ou vingt-cinq centimètres. Peut-être, avec du sang-froid et de l’énergie, n’eût-il pas été impossible de s’y tenir debout, et d’atteindre ainsi la chaîne du paratonnerre.

Malheureusement, quand bien même on eût été capable d’une aussi folle audace, la muraille extérieure n’en fût pas moins demeurée infranchissable. Prisonnier dans