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UNE COMMISSION ROGATOIRE.

aise. Mais il ne reconnut pas cet homme imberbe, aux cheveux bruns, dont le visage était orné d’une superbe paire de lunettes noires, et ses perplexités n’en furent pas atténuées.

Striga s’éloigna tout songeur avec le reste de la foule quand furent refermées les portes de la prison. Décidément, il ne connaissait pas l’homme arrêté. Ce n’était, en tous cas, ni Dragoch, ni Ladko. Dès lors, qu’il s’agît d’Ilia Brusch ou de tout autre, que lui importait ? Quelle que fût la personnalité de l’accusé, l’essentiel était qu’il absorbât l’attention de la justice, et Striga n’avait plus de raison de s’attarder à Semlin. C’est pourquoi il se résolut à partir dès le lendemain pour regagner son chaland.

Mais, à son réveil, la lecture des journaux le fit changer d’avis. Cette affaire Ladko étant menée dans le secret le plus rigoureux, c’était une raison péremptoire pour que la Presse s’ingéniât à percer le mystère. Elle y avait réussi. Ample était sa moisson d’informations.

Les journaux relataient, en effet, assez exactement le premier interrogatoire, en faisant suivre leur récit de commentaires qui n’étaient pas précisément favorables à l’accusé. En général, ils s’étonnaient de l’obstination avec laquelle celui-ci soutenait être un simple pêcheur, du nom d’Ilia Brusch, habitant seul la petite ville de Szalka. Quel intérêt pouvait-il avoir à sou-