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UNE COMMISSION ROGATOIRE.

— Dame ! ça m’en a tout l’air, répondit M. Izar Rona, à moins que ce ne soit pas se cacher que de dissimuler sous des lunettes noires des yeux qui semblent les meilleurs du monde — au fait ! ayez donc l’obligeance de les enlever, ces lunettes ! — et de teindre en noir des cheveux que l’on a naturellement blonds.

Serge Ladko était accablé.

La police était bien renseignée et la trame se resserrait autour de lui ; sans paraître remarquer son trouble, M. Rona poursuivit son avantage :

— Eh ! eh ! vous voilà moins fringant, mon gaillard. Vous ne nous saviez pas si avancés… mais je continue. À Ulm, vous aviez pris un passager avec vous.

— Oui, répondit Serge Ladko.

— Quel était son nom ?

M. Jaeger.

— Très exact. Voudriez-vous me dire ce qu’il est devenu, ce M. Jaeger ?

— Je l’ignore. Il m’a quitté en pleine campagne, presque au confluent de l’Ipoly. J’ai été bien surpris de ne plus le trouver en revenant à bord.

— En revenant, dites-vous. Vous vous étiez donc absenté ? Où étiez-vous allé ?

— Dans un village des environs, afin de me procurer un cordial pour mon passager.

— Il était donc malade ?

— Très malade. Il avait failli se noyer tout bonnement.