Il n’avait pas à hésiter. Le seul parti à prendre était de se laisser dériver quelque temps encore. Une fois hors d’atteinte, il nagerait vigoureusement vers l’une des rives. Il y arriverait, il est vrai, dans un état de nudité qui pouvait être une source de grandes difficultés ultérieures, mais il n’avait pas le choix. Le plus pressé était de s’éloigner de la prison flottante où il venait de passer de si pénibles jours. Quand il aurait pris terre, il aviserait.
Tout à coup, dans la nuit, la masse sombre d’une seconde embarcation se dressa devant lui. Quelle ne fut pas son émotion, en reconnaissant sa barge retenue par une bosse amarrée au chaland et que tendait la poussée du courant. Il se cramponna instinctivement au gouvernail, et, un instant, demeura immobile.
Dans la paix nocturne, un bruit de voix parvenait jusqu’à lui. Sans doute, on discutait les circonstances de sa fuite. Il attendit, la tête seule hors de l’eau noire qui le couvrait de son impénétrable voile.
Les voix grandirent, puis se turent, et tout retomba dans le silence. Serge Ladko, s’accrochant au plat bord, se hissa lentement dans la barge et disparut sous le tôt. Là, l’oreille tendue, il écouta de nouveau. Il n’entendit rien. Plus aucun bruit autour de lui.
Sous le tôt, l’obscurité de la nuit se faisait plus épaisse encore. Dans l’impossibilité de rien distinguer, Serge Ladko tâtonna