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AU POUVOIR D’UN ENNEMI.

tous ses crimes ? Et que venait faire là ce portrait d’une femme, à laquelle celui-ci n’avait jamais renoncé malgré l’échec de ses précédentes tentatives ? Quel était donc le légitime propriétaire de cette barge pour avoir en sa possession un document si intime et si singulier ? À qui appartenait-elle en définitive, à Karl Dragoch, à Ilia Brusch ou à Serge Ladko, et lequel de ces trois hommes, dont deux l’intéressaient à un si haut point, tenait-il prisonnier en fin de compte dans le chaland ? Le dernier, il proclamait, cependant, l’avoir tué, le soir où, d’un coup de feu, il avait abattu l’un des deux hommes de ce canot qui s’éloignait furtivement de Roustchouk. Vraiment, s’il avait mal visé alors, il aimerait encore mieux, plutôt que le policier, tenir entre ses mains le pilote, qu’il ne manquerait pas une seconde fois, dans ce cas. Celui-là, il ne serait pas question de le garder comme otage. Une pierre au cou ferait l’affaire, et, débarrassé ainsi d’un ennemi mortel, il supprimerait en même temps le principal obstacle à des projets dont il poursuivait âprement la réalisation.

Impatient d’être fixé, Striga, gardant par devers lui le portrait qu’il venait de découvrir, saisit la godille et pressa la marche de l’embarcation.

Bientôt la masse de la gabarre apparut dans la nuit. Il accosta rapidement, sauta sur le pont, et, se dirigeant vers la cabine faisant face à celle qu’il visitait d’ordi-