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AU POUVOIR D’UN ENNEMI.

la courbe que dessine le Danube avant d’adopter franchement la direction du Sud. Un peu en amont de Waitzen, on put enfin abandonner les avirons, et, sous la poussée de la voile, la marche du bateau fut notablement accélérée.

Vers onze heures on passa devant Saint-André où les deux charretiers Kaiserlick et Vogel avaient prétendu se rendre au cours de la nuit précédente. Il ne fut pas question de s’y arrêter, et le chaland continua à dériver vers Budapest, encore distante de vingt-cinq à trente kilomètres.

À mesure qu’on gagnait vers l’aval, l’aspect des rives devenait plus sévère. Les îles ombreuses et verdoyantes se multipliaient, ne laissant parfois entre elles que d’étroits canaux, interdits aux chalands, mais suffisants pour la navigation de plaisance.

Dans cette partie du Danube, la batellerie commence à devenir assez active. Il y a même de fréquents encombrements, car le cours du fleuve est resserré entre les premières ramifications des Alpes Norriques et les dernières ondulations des Karpathes. Quelquefois se produisent des échouages ou des abordages, peu dommageables en somme, pour peu que l’attention des pilotes soit un seul instant en défaut. En général, le malheur se réduit à une perte de temps. Mais que de cris, que de querelles, au moment de la collision !

Le chaland, dont Striga était le capitaine,