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LE PILOTE DU DANUBE.

Dès qu’il se sentit, grâce à un cordial qu’il s’empressa de réclamer, en possession de tous ses moyens, le premier soin de Karl Dragoch fut de se faire conduire au chevet du gardien Christian Hoël. Pansé quelques heures plus tôt par un chirurgien des environs, celui-ci, la face blanche, les yeux clos, haletait péniblement. Bien que sa blessure fût des plus graves et intéressât le poumon, il subsistait toutefois un sérieux espoir de le sauver, à la condition que la plus légère fatigue lui fût épargnée.

Karl Dragoch put néanmoins obtenir quelques renseignements, que le gardien lui donna d’une voix étouffée, par monosyllabes largement espacés. Au prix de beaucoup de patience, il apprit qu’une bande de malfaiteurs, composée de cinq ou six hommes, au bas mot, avait, au milieu de la nuit dernière, fait irruption dans la villa, après en avoir enfoncé la porte. Le gardien Christian Hoël, réveillé par le bruit, avait eu à peine le temps de se lever, qu’il retombait frappé d’un coup de poignard entre les deux épaules. Il ignorait par conséquent ce qui s’était passé ensuite, et il était incapable de donner aucune indication sur ses agresseurs. Cependant, il savait quel était leur chef, un certain Ladko, dont ses compagnons avaient, à plusieurs reprises, prononcé le nom avec une sorte d’inexplicable forfanterie. Quant à ce Ladko, dont un masque recouvrait le