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LES DEUX ÉCHECS DE DRAGOCH.

— Alerte ! dit-il en étouffant sa voix.

— Qu’y a-t-il ? demanda le chef de la bande.

— Écoute.

Tous tendirent l’oreille. Le bruit d’une troupe en marche se faisait entendre sur la route. À ce bruit, bientôt quelques voix assourdies se joignirent. La distance ne devait pas être supérieure à une centaine de toises.

— Restons dans la clairière, commanda le chef. Ces gens-là passeront sans nous voir. »

Assurément, étant donnée l’obscurité profonde, ils ne seraient pas aperçus, mais il y avait ceci de grave : si, par mauvaise chance, c’était une escouade de police qui suivait cette route, c’est qu’elle se dirigeait vers le fleuve. Certes, il pouvait se faire qu’elle ne découvrît pas le bateau, et, d’ailleurs, les précautions étaient prises. Ces agents auraient beau le visiter de fond en comble, ils n’y trouveraient rien de suspect. Mais, même en admettant que cette escouade ne soupçonnât pas l’existence du chaland, peut-être resterait-elle en embuscade dans les environs, et, dans ce cas, il eût été très imprudent de faire sortir la charrette.

Enfin, on tiendrait compte des circonstances, et on agirait selon les événements. Après avoir attendu dans cette clairière toute la journée suivante, s’il le fallait, quelques-uns des hommes descendraient, à