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UN PORTRAIT DE FEMME.

— Bien entendu, cela n’a rien d’officiel.

— Officiel ou officieux, quel serait le nom du paroissien ?

— À tort ou à raison, les riverains du fleuve mettent les méfaits dont ils ont à souffrir au compte d’un certain Ladko.

— Ladko !… répéta Ilia Brusch qui, en proie à une évidente émotion, arrêta brusquement le va-et-vient de sa godille.

— Ladko, affirma Karl Dragoch, en surveillant du coin de l’œil son interlocuteur.

Mais déjà celui-ci s’était ressaisi.

— C’est drôle, dit-il simplement, tandis que l’aviron reprenait entre ses mains son éternel travail.

— Qu’est-ce qui est drôle ? insista Karl Dragoch. Connaîtriez-vous ce Ladko ?

— Moi ? protesta le pêcheur. Pas le moins du monde. Mais ce n’est pas un nom bulgare que Ladko. Voilà tout ce que je vois de drôle là-dedans. »

Karl Dragoch ne poussa pas plus avant un interrogatoire, qui, plus clair, risquait de devenir dangereux, et dont les résultats pouvaient d’ores et déjà être considérés comme satisfaisants. La surprise du pêcheur en entendant le signalement du malfaiteur, son trouble en connaissant la nationalité probable de celui-ci, son émotion en en apprenant le nom, tout cela était indéniable et donnait une force nouvelle aux présomptions antérieures, sans apporter toutefois aucune preuve décisive.

Comme l’avait prévu Ilia Brusch, il