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LE PILOTE DU DANUBE.

trois quarts d’heure de marche, ils s’arrêtèrent. La ligne d’arbres bordant la berge du Danube apparaissait alors. Il ne pouvait être douteux que Dragoch regagnât son embarcation.

« Inutile d’aller plus loin, dit le plus jeune. Nous sommes fixés, maintenant. Ilia Brusch et Karl Dragoch sont bien le même homme. La démonstration est faite, et, en le suivant plus longtemps, nous risquerions d’être remarqués à notre tour.

— Qu’allons-nous faire ? demanda son compagnon à carrure de lutteur.

— Nous en causerons, répondit l’autre. J’ai une idée. »

Pendant que les deux inconnus s’occupaient si fort de sa personne, et élaboraient, en s’éloignant vers le Prater Stern, des plans dont l’exécution ne devait pas être beaucoup différée, Karl Dragoch réintégrait la barge, sans se douter de l’espionnage dont il avait été l’objet au cours de cette journée. Il y trouva Ilia Brusch, fort affairé à préparer le dîner, que les deux compagnons, une heure plus tard, partagèrent comme de coutume, à cheval sur l’un des bancs.

« Eh bien, monsieur Jaeger, êtes-vous content de votre promenade ? demanda Ilia Brusch, quand les pipes commencèrent à répandre leurs nuages de fumée.

— Enchanté, répondit Karl Dragoch. Et vous, monsieur Brusch, n’avez-vous pas changé d’avis, et ne vous êtes-vous pas