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LE PILOTE DU DANUBE.

— Ne comptez-vous pas en profiter, monsieur Brusch, pour visiter la ville ?

— Ma foi non, monsieur Jaeger. Je ne suis pas curieux de mon naturel, et j’ai ici de quoi m’occuper toute la journée. Après deux semaines de navigation, ce n’est pas du luxe de remettre un peu d’ordre.

— À votre aise, monsieur Brusch. Pour moi, je n’imiterai pas votre indifférence et je compte rester à terre jusqu’au soir.

— Et bien vous ferez, monsieur Jaeger, approuva Ilia Brusch, puisque c’est à Vienne que vous demeurez. Peut-être avez-vous de la famille qui ne sera pas fâchée de vous voir.

— C’est une erreur, monsieur Brusch, je suis garçon.

— Tant pis, monsieur Jaeger, tant pis. On n’est pas trop de deux pour porter le fardeau de la vie.

Karl Dragoch se mit à rire.

— Fichtre ! monsieur Brusch, vous n’êtes pas gai, ce matin.

— On a ses jours, monsieur Jaeger, répondit le pêcheur. Mais que cela ne vous empêche pas de vous amuser le mieux possible.

— Je tâcherai, monsieur Brusch », répondit Karl Dragoch en s’éloignant.

À travers le Prater, il alla rejoindre la Haupt-Allée, rendez-vous des élégances viennoises pendant la saison. Mais, à cette époque de l’année, et à cette heure, la Haupt-Allée était presque déserte et