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CHASSEURS ET GIBIERS.

— Diable ! fit son compagnon grisonnant.

— Ça ne m’étonnerait pas, dit l’autre. C’est un malin, Dragoch, et son coup aurait parfaitement réussi, sans le hasard qui nous a fait passer par ici.

Le plus âgé des deux interlocuteurs paraissait mal convaincu.

— C’est du roman, murmura-t-il entre ses dents.

— Tout à fait, Titcha, tout à fait, approuva son compagnon, mais Dragoch aime assez les moyens romanesques. Nous tirerons, d’ailleurs, la chose au clair. On disait autour de nous que la barge resterait à Vienne demain toute la journée. Nous n’aurons qu’à revenir. Si Dragoch est toujours là, c’est que c’est bien lui qui est entré dans la peau d’Ilia Brusch.

— Dans ce cas, demanda Titcha, que ferons-nous ?

Son interlocuteur ne répondit pas tout de suite.

— Nous aviserons », dit-il.

Tous deux s’éloignèrent du côté de la ville, laissant la barge entourée d’un public de plus en plus clairsemé. La nuit s’écoula paisiblement pour Ilia Brusch et son passager. Quand celui-ci sortit de la cabine, il trouva le premier en train de faire subir à ses engins de pêche une révision générale.

« Beau temps, monsieur Brusch, dit Karl Dragoch en manière de bonjour.

— Beau temps, monsieur Jaeger, approuva Ilia Brusch.