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l’avalanche.

devaient être surveillés avec plus d’attention, que ce brouillard venait empêcher toute observation !

Et ce fut ainsi pendant quatre jours ! Le « frost-rime » ne se dissipa que le 15 avril. Pendant la matinée, une violente brise du sud le déchira et l’anéantit.

Le soleil brillait. Le lieutenant Hobson se jeta sur ses instruments. Il prit hauteur, et le résultat de ses calculs pour les coordonnées actuelles de l’île fut celui-ci :

Latitude : 69°57’ ;

Longitude : 179°33’.

Kalumah avait eu raison. L’île Victoria, saisie par le courant de Behring, dérivait vers le sud.


CHAPITRE XVII.

l’avalanche.


Les hiverneurs se rapprochaient donc enfin des parages plus fréquentés de la mer de Behring. Ils n’avaient plus à craindre d’être entraînés au nord. Il ne s’agissait plus que de surveiller le déplacement de l’île et d’en estimer la vitesse, qui, en raison des obstacles, devait être fort inégale. C’est à quoi s’occupa très minutieusement Jasper Hobson, qui prit tour à tour des hauteurs de soleil et d’étoiles. Le lendemain même, 16 avril, après observation, il calcula que si la vitesse restait uniforme, l’île Victoria atteindrait vers le commencement de mai le Cercle polaire, dont quatre degrés au plus la séparaient en latitude.

Il était supposable qu’alors l’île, engagée dans la partie resserrée du détroit, demeurerait stationnaire jusqu’au moment où la débâcle lui ferait place. À ce moment, l’embarcation serait mise à flot, et l’on ferait voile vers le continent américain.

On le sait, grâce aux précautions prises, tout était prêt pour un embarquement immédiat.

Les habitants de l’île attendirent donc avec plus de patience et surtout plus de confiance que jamais. Ils sentaient bien, ces pauvres gens tant éprouvés, qu’ils touchaient au dénouement et qu’ils passeraient si près de